Les syndicats de MA France craignent pour l’avenir de l’usine d’équipements automobiles et ses 500 emplois, depuis le retrait de six de ses lignes de production, récupérées par leur unique client, Stellantis, groupe né de la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler.
« Ils jouent avec notre pain et notre famille », déplore Adel Zorgui, délégué CGT de l’usine, micro à la main, face au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). L’union syndicale (CGT, CFDT, Sud) attend, ce mercredi matin, l’audience qui opposera le CSE à la direction de Magnetto Automotive (MA) France, usine productrice de pièces automobiles pour le groupe Stellantis, né cette année de la fusion de PSA et de Fiat Chrysler Automobile, basée à côté de l’ancien site PSA d’Aulnay-sous-Bois depuis 2003.
La protestation des syndicats dure depuis l’annonce « brutale » de la direction, en avril dernier, que six de leurs quarante gammes de production — les plus rentables, selon les syndicats — seraient retirées du site d’Aulnaysous-Bois par Stellantis, sur une « décision unilatérale » du client exclusif de M.A. Des outils qui appartiennent au groupe, mais qui, selon le communiqué des syndicats, viole un accord courant jusqu’en 2026. L’une des lignes a d’ores et déjà été retirée le 11 juin dernier, « avec huissiers et agents de sécurité », raconte un salarié. Des méthodes « provocantes voire injurieuses ».
L’objet de cette audience ? « Faire constater une violation manifeste de l’obligation de l’entreprise de consulter le CSE », affirme l’avocat du CSE de M.A France, Mounir Bourhaba, qui a saisi « en urgence » le juge des référés, « pour que toutes les gammes ne sortent pas avant consultation des salariés », laissés dans un « flou total » concernant ce retrait et le projet sousjacent. « On ne pèse pas lourd, craint André Messi, 49 ans, délégué CFDT. Mais il faut faire entendre notre voix. On ne laissera pas passer ça. »
Ni licenciement ni plan social selon la direction
57 emplois — sur environ 500 équivalents temps plein dont près de 300 CDI —, ceux qui travaillent sur les lignes de production retirées, seraient menacés, d’après les syndicats. Mais c’est pour l’avenir de l’ensemble de l’usine que craignent les salariés. Les syndicats ont peur qu’au-delà des déclarations de la direction « devant les premiers remous », « aucune garantie écrite ni concrète » ne soit accordée par la direction quant à la sauvegarde des emplois.
« C’est un braquage, lâche Adel Zorgui. Si d’autres lignes sont supprimées, on ne pourra pas empêcher un PSE d’arriver. » La peur d’un effet boule de neige à long terme alimente un « malaise » et un « manque de confiance » des salariés, dénonce un membre du CSE. « On a démarré cette boîte, c’est grâce à nous si elle en est là aujourd’hui, confie Ali, 65 ans, salarié de l’usine depuis 2003. Et maintenant ils veulent retirer le pain de nos mains. »
Ces craintes ne sont « pas fondées », répond la DRH de M.A France Leïla Mechai contactée par Le Parisien, pour l’ensemble des effectifs comme pour les 57 emplois directement en jeu d’après les syndicats. « Stellantis a le droit de reprendre les gammes dans certaines conditions légales, actuellement respectées, et qui n’entraînent aucun licenciement et pas de plan social. » Le jugement sur la consultation du CSE sera rendu le 20 août.
Par Caroline Lavaine-Talaszka
Source : https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/cest-un-braquage-a-aulnay-les-salaries-du-sous-traitant-de-stellantis-ex-psa-fiat-craignent-pour-la-survie-de-leur-usine-07-07-2021-SQOHCIIVCJHFHCBERSNC7CZMLQ.php
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